👮‍♀️ Le carnet d’Awa

🟦 Chapitre 1 – La remarque

Awa avait 24 ans. C’était sa première affectation, dans un commissariat réputé “compliqué”.

Le troisième jour, dans une salle d’interrogatoire, un brigadier lança cette phrase, devant un adolescent noir en garde à vue :

— "Avec une gueule comme ça, c’est normal que t’aies fini ici."

Le silence. Puis le rire gêné d’un collègue. Et le regard fuyant d’un autre.

Awa, debout dans le coin de la pièce, sentit ses jambes trembler.
Elle ne dit rien. Elle ne pouvait pas. Pas encore.

Mais ce soir-là, dans son carnet, elle écrivit la scène. Heure. Lieu. Mots exacts.

🟦 Chapitre 2 – Le carnet

Awa continua à travailler. Sérieuse. Droite. Discrète.
Mais à chaque remarque déplacée, chaque abus de langage, chaque humiliation subtile, elle prenait note.

Pas pour se venger. Pas par haine.

Mais parce qu’elle savait que le jour viendrait.

Et parce qu’elle croyait en une justice plus lente… mais plus vraie.

🟦 Chapitre 3 – Les années passent

Awa gravit les échelons.
D’abord brigadière, puis lieutenant.

Elle formait des jeunes recrues, parlait d’éthique, de calme, de lucidité dans le feu.
Certains collègues la respectaient. D’autres chuchotaient.

Elle n’avait pas oublié.
Mais elle attendait le moment où sa voix ne serait plus un cri dans le vent.
Le moment où elle pourrait agir sans être effacée.

🟦 Chapitre 4 – Le signalement

Un jour, une plainte anonyme d’un citoyen fait remonter une vieille affaire.
Awa sait : c’est le même brigadier. Le même mode opératoire.

Elle ouvre un dossier.
Y joint ses carnets recopiés, numérisés, datés, avec les noms des collègues présents.
Elle ajoute les courriels, les horaires, les copies de vidéos internes.

Puis elle dépose un signalement auprès de l’IGPN.

🟦 Chapitre 5 – L’ascenseur et l’escalier

Le brigadier est suspendu. Puis convoqué. Puis interrogé.

Le service tente de faire bloc.
Mais Awa a ses preuves. Et surtout : elle a attendu que les murs ne puissent plus se refermer.

Un collègue vient la voir en privé :

— "Tu fais tomber un des nôtres…"

Elle répond doucement :

— "Non. Je fais tomber ce qui salit notre uniforme."

🟦 Chapitre 6 – Le nouveau mur

Le commissariat change. Lentement.
Des formations sont lancées. De nouveaux encadrants arrivent.
Certains partent. D’autres s’adaptent.

Awa reste.
Elle ne cherche pas les projecteurs.
Mais dans son bureau, accroché au mur, il y a cette phrase, écrite à la main :

“Le mensonge et l’injustice prennent l’ascenseur.
Mais la vérité et la justice, même si elles prennent l’escalier…
elles arrivent toujours au bon étage.
Et elles reconstruisent tout.
En mieux.”

💡 Morale

Parfois, le courage n’est pas dans le cri. Il est dans la patience.
Il est dans la main qui écrit quand tout le monde se tait.
Et dans le cœur qui attend… pour frapper juste. Pas fort. Juste au bon moment.