Le Cahier aux Pages Collées : Une histoire de guérison par l’écriture

Un cahier oublié, des pages collées, des douleurs tues. Elle les relit, les partage, et transforme ses blessures en lumière pour d'autres. Histoire sur la guérison

6/19/20253 min temps de lecture

📖Le cahier aux pages collées

— Une histoire de douleurs enfouies, d’encre qui libère, et du courage de se relire enfin —

Chapitre 1 – Le poids du papier

Emma avait toujours aimé les carnets.

Elle en possédait des dizaines : lignés, à spirales, reliés en cuir, à petits carreaux. Mais un seul restait intouché, enfoui dans une boîte au fond d’un placard. Sa couverture était en velours bleu, usée sur les bords. Ses pages étaient épaisses. Certaines, collées entre elles.

Elle ne se souvenait pas l’avoir acheté.

Mais il avait suivi chacun de ses déménagements, silencieux, comme une présence oubliée.

Elle le retrouva à 34 ans, en plein ménage de printemps, alors qu’elle vidait les cartons qu’elle évitait depuis des années.

Elle l’ouvrit.

Première page : rien. Deuxième : blanche aussi.

Mais la troisième portait une trace d’encre et une phrase griffonnée :

« Si tu lis ceci, c’est que tu es enfin prête à te souvenir. »

Chapitre 2 – Encre et sel

En tournant les pages, des bribes de souvenirs ressurgirent.

Des cauchemars d’enfant. Un père absent. Une voix qui criait trop fort. Et un silence qui blessait plus que n’importe quelle gifle.

L’encre était trouble, parfois effacée. Certaines pages étaient collées — elles se déchiraient quand elle tentait de les séparer.

Elle comprit alors : ces mots, c’était elle qui les avait écrits.

Des lettres qu’elle n’avait jamais envoyées. Des choses qu’elle n’avait jamais dites. À personne.

Chaque page était une confession. Une supplique. Un cri muet.

« Je suis désolée d’avoir voulu disparaître. »
« Je te détestais de me rendre invisible. »
« J’avais besoin qu’on me défende, et personne ne l’a fait. »

Parfois, elle écrivait à des gens. Parfois, à elle-même.

Chapitre 3 – La déchirure

Une page était plus épaisse que les autres.

Deux pages collées si fort qu’il fallut tirer pour les séparer.

Le papier se déchira.

Une pétale séchée tomba.

Une violette.

Emma sentit son souffle se bloquer.

Elle se rappela.

Ce cahier était son rituel secret à quinze ans.

Chaque fois qu’elle souffrait — d’une trahison, d’un abandon, d’une humiliation — elle écrivait. Puis glissait une violette entre les pages, espérant qu’un jour, l’encre et la fleur l’aideraient à refleurir.

Elle pleura. Pas de tristesse, mais de reconnaissance.

Les mots n’étaient pas cassés.

C’était elle.

Chapitre 4 – Répondre à soi-même

Emma ne s’arrêta pas.

Elle lut chaque page. Certaines étaient poétiques. D’autres illisibles. Certaines, elle ne se souvenait même pas les avoir écrites.

Mais une chose était claire : ce cahier n’était pas un lieu de tristesse.

C’était une carte.

Un itinéraire de survie.

Un témoignage silencieux de tout ce qu’elle avait supporté sans s’effondrer.

À la fin du cahier, une page blanche.

Pour la première fois depuis des années, Emma prit un stylo.

Et elle écrivit :

« Chère moi,
Merci de ne pas avoir lâché. »

Chapitre 5 – Les pages partagées

Emma ne rangea pas le cahier.

Elle scanna les pages, puis créa un blog : Les lettres que j’ai failli brûler.

Chaque semaine, elle publiait une page.

En deux mois, des milliers de personnes lui écrivirent. Certaines partageaient leurs propres pages collées. D’autres disaient simplement : « Moi aussi. »

Elle lança des cercles d’écriture.

Des femmes. Des hommes. Des ados. Des grands-parents.

Tous venaient avec des phrases incomplètes et des blessures refermées.

Ensemble, ils dépliaient les silences.

Un soir, une jeune fille murmura après avoir lu son premier texte à voix haute :

« J’ai l’impression de m’être entendue pour la première fois. »

Emma répondit doucement :

« C’est ça, le son de la guérison. »

✨ Morale finale

Les mots qu’on cache sont parfois ceux dont on a le plus besoin.

Les cahiers ne sont pas faits pour être parfaits.
Ils sont faits pour être vrais.

Même si les pages sont collées.
Même si l’encre est brouillon.

Ce qui compte, c’est d’écrire —
Et un jour, d’avoir le courage de se relire.