🟠 : Le dernier client de la librairie
CHAPITRE 1 – La fin programmée
Élodie regardait la vitrine de sa petite librairie de quartier en se frottant les mains. Le chauffage était en panne, comme le terminal bancaire, et ce mois de décembre était plus froid que les précédents. Il ne restait qu’une semaine avant la fermeture définitive. Les livres n’étaient plus lus, les gens ne s’arrêtaient plus. Elle avait tout tenté : promos, lectures publiques, cafés littéraires… en vain.
Chaque soir, elle remballait dans le silence. Personne. Jusqu’à ce jeudi-là.
CHAPITRE 2 – Un pas dans le silence
Il entra sans bruit. Un vieil homme, manteau beige élimé, canne en bois verni, regard doux. Il ne dit pas bonjour, ne demanda rien. Il parcourut les rayons lentement, comme s’il cherchait quelque chose qu’il avait déjà lu autrefois. Élodie l’observait, intriguée, touchée. Quand il s’approcha enfin du comptoir, il posa un livre sans mot : "Le vieil homme et la mer."
Elle sourit. "Un classique." Il leva les yeux : "Le seul qui parle vraiment de la solitude."
CHAPITRE 3 – Le client qui revenait
Le lendemain, il revint. Puis le surlendemain. Toujours silencieux, toujours avec un nouveau livre choisi avec soin. Parfois un recueil de poésie, parfois un roman oublié. Il ne parlait presque pas, sauf pour quelques phrases sur les livres. Un jour : "Ce monde va vite. Trop vite pour les pages."
Chaque visite était pour Élodie un souffle. Ce client inconnu lui rappelait pourquoi elle avait ouvert cette librairie : pour les âmes discrètes, les gens qui lisent pour survivre.
CHAPITRE 4 – Le dernier jour
La vitrine était vide. Les cartons empilés. Élodie tenait la caisse pour la dernière fois. 17h. Il n’était pas venu. Elle sentit un pincement. Et puis, à 17h28, la clochette tinta. Il entra.
Il s’avança, déposa un vieux livre relié cuir sur le comptoir. Il avait les yeux brillants. "Ce livre est pour vous. Je l’ai lu cent fois. C’est votre tour." Puis il sortit de la poche de son manteau une enveloppe.
"Je suis le fils du fondateur de cette librairie. Je l’ai caché, je ne voulais pas qu’on me traite différemment. Vous l’avez faite vivre jusqu’au bout. Tenez." L’enveloppe contenait un chèque, et une lettre : "Pour racheter votre rêve."
Morale : Parfois, il suffit d’un lecteur pour sauver un monde de mots.
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