💑 : Le choix de rester

🟪 Chapitre 1 — Une rencontre entre deux générations

Dans le wagon d’un TGV, direction Bordeaux, les passagers s’installent doucement. Il est 17h02.

À la place 34B, Camille, 26 ans, écoute sa playlist les yeux dans le vague. Une journée difficile. Une rupture récente. Une solitude trop lourde.

En face d’elle, un couple prend place. Ils doivent avoir un peu plus de 60 ans. Lui l’aide à ranger sa valise. Elle plie un foulard en soie. Ils ne disent rien de bruyant. Mais tout en eux dégage une paix tranquille.

Camille les observe.

Ils ne se tiennent pas la main comme dans les films. Mais leurs épaules se touchent. Et ils rient de choses simples. Leur complicité est palpable.

🟪 Chapitre 2 — “Excusez-moi, mais…”

Camille hésite. Puis se lance :

— “Je suis désolée, c’est peut-être indiscret… Mais ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ?”

L’homme rit doucement, regardant sa femme comme s’il redécouvrait la réponse :

— “Trente-deux ans, au printemps prochain.”

Camille sourit, presque émue.

— “C’est incroyable… Vous avez l’air encore si complices. C’est quoi votre secret ?”

🟪 Chapitre 3 — Le choix de rester

L’homme répond simplement, sans chercher d'effet :

— “On se choisit. Tous les jours.”

La jeune femme fronce légèrement les sourcils.

— “Mais… pourquoi choisir, si c’est déjà évident ?”

La femme prend doucement la parole :

— “Parce que rien n’est évident. Il n’y a pas de garantie.
On peut être ensemble et se perdre de vue. Se blesser. S’oublier.”

— “Alors on a fait un pacte, très tôt. Celui de ne jamais se considérer comme acquis.”

🟪 Chapitre 4 — Les gestes qui restent

L’homme ajoute :

— “Le lundi matin, je lui prépare son café avant qu’elle se lève.
Ce n’est pas grand-chose. Mais c’est une façon de dire : ‘Je pense à toi avant de penser à moi.’”

Elle poursuit :

— “Et moi, chaque dimanche soir, je lui demande : ‘Comment tu te sens ? Qu’est-ce que tu veux vivre cette semaine ?’
Parce qu’aimer, ce n’est pas deviner. C’est poser des questions. Et vraiment écouter.”

🟪 Chapitre 5 — Les lettres de fin d’année

Le train file. Le silence s’installe un instant. Puis la femme se tourne vers Camille :

— “Chaque 31 décembre, on s’écrit une lettre. Pas une carte. Une lettre.
On y met ce qu’on a aimé dans l’année. Ce qui a été dur. Ce qu’on aimerait mieux faire.”

L’homme sourit, les yeux brillants :

— “C’est notre miroir. Pas pour nous juger. Mais pour nous retrouver.”

🟪 Chapitre 6 — L’amour, tout simplement

Camille reste silencieuse. Le cœur un peu serré. Puis dit à voix basse :

— “J’ai l’impression que vous vous aimez mieux que beaucoup de gens que je connais…”

La femme répond avec douceur :

— “Parce qu’on ne se contente pas de s’aimer.
On se respecte. On se pardonne. On se voit, même quand l’autre se cache.”

Puis elle ajoute :

— “L’amour, ce n’est pas une flamme constante. C’est une volonté. Une discipline du cœur.
Ce n’est pas ce qu’on ressent. C’est ce qu’on fait.”

💡 Morale

L’amour qui dure n’est pas celui qui brûle fort.
C’est celui qu’on rallume ensemble. Même les jours de vent.
C’est choisir l’autre sans le posséder.
C’est s’écouter sans se corriger, et se regarder avec gratitude, pas avec lassitude.