🎭 Le clown de la pause déjeuner

🟥 Chapitre 1 — Celui qui faisait rire

Chaque midi, à la pause déjeuner, Yacine devenait le centre du réfectoire.

« Franchement, Yacine, t’as raté ta carrière de comique ! »

Blagues, imitations, anecdotes absurdes… il faisait rire tout le monde.
Mais personne ne remarquait qu’il ne mangeait presque rien.
Il posait son plateau, picorait, et riait. Pour combler les silences, pour éviter qu’on lui pose des questions.

🟥 Chapitre 2 — Le vide derrière le masque

Quand les autres retournaient à leur poste, Yacine traînait.
Il nettoyait les miettes, ajustait les chaises, faisait durer sa présence.

Car chez lui, il n’y avait rien. Un studio silencieux. Un téléphone muet.
Plus de contact avec sa famille depuis quatre ans.

Mais pas à cause d’une dispute violente.
Juste… une série de silences blessants.

Quand son père était tombé malade, il avait proposé de venir aider.
Sa sœur avait dit : « Tu ne fais jamais les choses bien. »
Alors il s’était effacé.

Plus tard, il n’avait pas été prévenu du décès d’une tante.
On lui avait reproché de ne jamais rappeler.
Et lui avait lâché, froidement : « C’est toujours moi qui dois tout deviner ? »

Et le silence était devenu un mur.

🟥 Chapitre 3 — Le message non lu

Un soir, il avait tenté de renouer. Un message vocal à un ami d’enfance.

« J’espère que tu vas bien… Si jamais tu veux prendre un café, je suis là. »

Le message resta non lu.

Et le lendemain, Yacine raconta une histoire hilarante à la pause.
Encore une. Pour ne pas penser.

🟥 Chapitre 4 — L’ascenseur

Un jeudi, après une réunion tendue, il lança une énième blague :

« On va pas s’énerver, hein ! Sauf ceux qui ont encore des cheveux à perdre. »

Rires.

Dans l’ascenseur, seul, il sentit une larme couler. Une seule.

Quand les portes s’ouvrirent, Élise, une collègue, le vit.

Elle ne dit rien sur le moment.
Mais le lendemain, une petite note était posée sur son bureau :

“Tu n’as pas besoin de nous faire rire pour qu’on t’apprécie. Je suis là, si tu veux parler.”

🟥 Chapitre 5 — Le café qui change tout

Ce jour-là, Yacine ne fit pas de blague.

Il envoya simplement un message à Élise :

« Merci. Ça faisait longtemps que je n’avais pas pleuré… devant quelqu’un. »

Ils allèrent boire un café. Une conversation simple, vraie.
Petit à petit, une amitié sincère naquit.

Élise lui posait des questions qu’on ne lui posait jamais.
Et Yacine commença à exister autrement que par l’humour.

🟥 Chapitre 6 — Le coup de fil

Quelques semaines plus tard, après beaucoup d’hésitation, Yacine prit son téléphone.

Il appela sa mère.
Elle décrocha. Surprise. Émue.

« J’ai été blessé. Mais j’aurais dû te le dire.
J’aimerais qu’on parle. Peut-être pas tout de suite. Mais un jour. »

Il raccrocha. Il avait la voix tremblante.
Mais le lendemain, un SMS l’attendait :

« Je suis fière que tu aies appelé. Oui, on parlera. »

🟥 Chapitre 7 — Rire autrement

Aujourd’hui, Yacine rit encore.
Mais il mange. Il écoute. Il parle.

Il continue d’être drôle… mais il ne cache plus ses larmes.
Et Élise est devenue une amie précieuse.

« Tu sais, j’ai jamais aimé les clowns.
Mais toi… t’as arrêté de peindre ton sourire. Tu m’as montré ton vrai visage. »

💡 Morale

Certains rient pour ne pas crier.
Certains font rire pour ne pas s’effondrer.

Mais il suffit parfois d’un regard, d’un mot, d’un lien, pour que le masque tombe.
Et que le vrai visage, fragile et beau, puisse enfin respirer.