🏠: Le voisin de la 3B

🟦 Chapitre 1 – L’ombre derrière la porte

Dans l’immeuble de la rue Lemoine, tout le monde connaissait l’appartement 3B.

Pas pour ce qu’il s’y passait… mais pour ce qu’il ne s’y passait jamais.

Un rideau toujours tiré. Une porte jamais ouverte. Et un nom à moitié effacé sur la boîte aux lettres : K. Lorenzi.

Certains disaient qu’il était malade. D’autres, qu’il était fou. Ou pire, qu’il ne voulait voir personne.

Les enfants avaient peur de lui.

Sauf Lino, 9 ans, au regard franc, qui posait toujours trop de questions.

— “Maman, pourquoi il est toujours tout seul, le monsieur du 3B ?”

Elle haussa les épaules.

— “On ne sait pas, mon cœur. Chacun sa vie.”

Mais Lino n’aimait pas cette réponse.

🟦 Chapitre 2 – Le jour du sac de courses

Un jeudi, alors qu’il rentrait de l’école, Lino vit un sac de courses éventré devant l’entrée. Une bouteille cassée. Des conserves éparpillées.

Un homme était à genoux, visiblement dépassé.

C’était le voisin du 3B.

Hésitant, Lino s’approcha.

— “Je peux vous aider, monsieur ?”

L’homme leva les yeux. Des yeux fatigués. Humbles. Il hocha la tête.

Sans un mot, ils ramassèrent ensemble.

À la fin, l’homme murmura :

— “Merci, petit.”

Et referma la porte doucement.

🟦 Chapitre 3 – Les petits signes

À partir de ce jour, quelque chose changea.

Chaque mardi, une petite boîte de biscuits faits maison était déposée sur le paillasson de Lino.

Chaque vendredi, Lino glissait un dessin sous la porte du 3B.

Une routine silencieuse. Mais réconfortante.

Puis un jour, la porte s’ouvrit. Vraiment.

— “Tu veux entrer ?” demanda M. Lorenzi.

Lino entra. Et découvrit un appartement rempli… de toiles.

Des centaines de peintures. Des visages, des rues, des souvenirs.

— “Avant… je peignais pour les autres. Et puis, j’ai arrêté. Le monde m’a trop fait mal.”

Il regarda Lino.

— “Mais toi… tu m’as rappelé ce que c’était que le lien.”

🟦 Chapitre 4 – L’exposition

Deux mois plus tard, une exposition fut organisée dans la salle commune de l’immeuble.

Sur les murs : les toiles de M. Lorenzi.

Sur un chevalet à l’entrée : un petit mot écrit à la main :

“Merci à Lino, 9 ans, pour m’avoir rappelé qu’un geste peut rouvrir une vie.”

Les voisins affluèrent. Certains s’excusèrent. D’autres ne savaient quoi dire.

Mais tous regardèrent les tableaux autrement… et surtout l’homme qui les avait peints.

💡 Morale

Certains silences ne sont pas des refus.

Ils attendent juste un geste, une main, un mot simple.

Le lien humain, même discret, peut réveiller un monde que l’on croyait éteint.

Et parfois… c’est un enfant qui a le courage que les adultes ont perdu.